samedi 22 octobre 2016

Au fond d'une culotte



Étourdie, mortifiée, les cheveux pris dans le zipper, j’avance pourtant, l’épicerie urge. Comme il serait bon de gueuler par en-dedans, un bon coup, une bonne fois pour toutes! Ah, oui! Pourquoi non? Parce que la haine non seulement celle que l’on projette mais aussi celle que l’on se garde ne salit que soi? Foutaise! Moi, je veux un bon gros vomi à se rouler dans la bouette. J'ai l’écoeurantite exigüe comme une odeur de savon sans nom. Je revendique mon ARK à moi. Je veux congédier la Mylène à lunettes roses qui passe son temps à improviser des soleils en rafales comme une conne. Et si je le faisais, han? Qu’est-ce que ça ferait? La réponse comme une énigme au fond d’une culotte. Ce n’est pas moi qui saigne, non. Mais tout le monde autour avec son envie de pleurer mal assumée dans une file au bout de la caisse 4. 

Demain recommencera à coups de fleurs sur l’impatience, la cruauté, la vie. Le monde se rouvrira à moi avec splendeur et mystère dès tantôt, peut-être. D'ici là, que ma peau s’humanise dans la sueur du jour, avec juste ce qu’il faut de douceur pour que l'écriture jaillisse.

vendredi 30 septembre 2016

Kamel Daoud, Meursault, contre-enquête

Prix Goncourt 2015. Traduit en une trentaine de langues. J'ai terminé ma lecture ce matin. Mon exemplaire est truffé de notes, un petit mot, un coeur asymétrique, des étoiles, quelques points d'exclamations. C'est un livre sur l'Arabe tué par le personnage de Meursault dans l'Étranger de Camus. M'exprimer sur le contenu ou même sur la forme ne m'intéresse pas ici. Je suis assise dans mon lit, un oursin vient de me pousser dans la gorge et je ne peux pas être certaine que ceci n'est pas lié à cela. J'ai joué le jeu du narrateur, me suis laissée piéger. Ce livre s'adresse à moi personnellement, politiquement, humainement, viscéralement. En tant qu'artiste et étudiante au Ph. D., je ne peux qu'être enivrée de fierté : j'ai appris à lire le livre d'une certaine manière, en le faisant pencher de côté comme pour en faire tomber les détails invisibles.

Et vivement que nos sociétés reconnaissent davantage l'importance de l'imaginaire dans la vie des humains.

samedi 24 septembre 2016

Noir sur Blanc: entre deux lancements

Mon livre Noir sur blanc, guide d'improvisations littéraires, vient de paraitre le 21 septembre dernier chez Québec Amérique. Entre Montréal et Matane, je poursuis mes recherches. Ou mes recherches se  (me?) poursuivent, devrais-je dire, car si je lâche prise, tout est déjà là. Je n'ai qu'à accueillir les prochaines idées, les prochaines phrases. Je cherche en dormant, bientôt entre deux étages, en sueur, puis sous l'eau et hop! dans ma robe bleue. Les pieds plantés, la tête qui vaque et qui voque, quelque chose s'opère en moi ou par moi ou que sais-je. Mes journées sont trouées de rêves qui se foutent bien de la nuit. Ça pense comme ça respire; c'est pas moi, c'est mon corps. 

C'est l'incubation.

Le moment où un projet se met en branle peut ébranler. Heureusement, je me suis accoutumée aux papillons dans mon cocon. La fébrilité m'électrise. Cette semaine, je parlerai à mon éditrice pour lui parler d'un projet particulier. Un autre. Ai-je vraiment le choix?